Anaïs

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Anaïs a 16 ans. Jusqu'à maintenant elle a toujours vécu à la campagne. Elle découvre la très grande ville où elle voudrait faire ses études. Avec ses mots à elle et avec les mots des chansons qu'elle écoute voici ce qu'elle nous en dit: 

"C'est comme Paris

Mais en plus petit.

Ou Marseille sans les odeurs de la mer.

Les odeurs du Marché Saint Aubin.

La lumière de la ligne A

Qui pique les yeux le matin.

Ici on dit chocolatine

Celle que te ramène ta tantine.

Ya la daurade, non non pas celle que tu manges,

Mais ce pont qui sent Bob Marley.

Et si t'as pas de moula

Va pas au Florida.

Tends l'oreille, écoute bien

C'est l'accent toulousain.

Ma ville c'est Toulouse

Mais ça tu l'sais déjà.

Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils encore des enfants de leurs parents ou des enfants de leur époque?

Les jeunes d'aujourd'hui reviendront-ils à la campagne qui les a vu naître et grandir où se laisseront-ils aspirer par les lumières des grandes villes? 

 

Anatole France

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Voici une lettre écrite par Anatole France le 18 juillet 1922 et adressée à Marcel Cachin alors directeur du journal "L'Humanité".

 

On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels

 

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, "Les Hauts Fourneaux", qu’il importe de connaître.

On y trouvera sur les origines de la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’œuvre des hommes d’argent, que ce sont les hauts industriels des différents États de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en jeu leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-même et disloquèrent le monde.

Écoutez Corday, sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — « Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée du métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes mêmes, par troupeaux, par armées, tous précipités pêle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots… Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! » (page 163).

Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils mourraient. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.

Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.

Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. « L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir c’est la trahir. »

Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté que l’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient douces assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. « C’est, dit-elle, un signe de progrès et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles : la haine est une vertu ; c’est peut-être la plus noble des vertus. »

Je lui demandais timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :

— Pensez, madame, un peuple entier c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse innocente en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. »

Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’États isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.

Notre salut c’est d’être bons Européens. Hors de là, tout est ruine et misère.

Salut et fraternité,

Anatole FRANCE.

Source: https://fr.m.wikisource.org/wiki/On_croit_mourir_pour_la_patrie…

 

 

Les questions

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Statue représentant le philosophe  Socrate.

Les questions… bonnes ou mauvaises?

 

A mes débuts d’enseignante, j’ai demandé au professeur de philosophie du Lycée où je faisais mon année de stage de professeur d’Espagnol: « Que veux-tu apprendre à tes élèves? »

 

Il m’a répondu: « A poser de bonnes questions. »

 

Des années plus tard, au tout début de l’informatique dans les Collèges, un logiciel, fait par un collègue, apprenait aux élèves à poser les questions en Espagnol. Les élèves avaient le choix d’utiliser 8 interrogatifs:

Quién (qui)

Qué (quoi)

Dónde (où)

Cuándo (quand)

Cuántos, cuántas (combien de…)

Cómo (comment)

Por qué (pour quelle raison)

Para qué (dans quel but)

Les élèves apprenaient très bien les interrogatifs espagnols. Je leur faisais remarquer aussi qu’ils pouvaient se poser ces 8 questions quand ils étaient devant un devoir à écrire. Ils sauraient toujours répondre à l’une d’entre elles.

 

Se poser des questions à soi-même est essentiel pour avancer dans la vie.

 

Quant à poser des questions aux autres, beaucoup sont inutiles, parasitaires du dialogue.

 

Comment et ses analogues apporte beaucoup plus que combien qui peut sous entendre une comparaison ou un jugement.

 

Ne pas poser de questions est une bonne façon d’écouter.

 

Il m’est arrivé de faire des interviews à la radio locale et c’est quand la personnes interviewée se sentait en confiance, hors de l’aiguillon d’une question indiscrète, qu’elle se dévoilait davantage.

 

Si on pose une question, qu’elle soit bonne au sens de la bonté.

 

J’essaye de m’octroyer et d’octroyer aux autres le silence.

 

Le désert où l’Esprit peut parler.

 

MC.Queyreur

 

 

Grand Hôtel Europa

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"Grand Hôtel Europa" est un livre d'Ilja Léonard Pfeijiffer publié par "Les Presses de la Cité" en Février 2022. L'auteur est néerlandais. La traduction est de Françoise Antoine.

Code ISBN : 978-2-258-19468-7 . Prix: 23 € pour  522 pages.

En voici un extrait:

" Seule artère vénitienne qui ressemblât un tant soit peu à une rue passante, avec une direction claire, des chaînes de magasins et un vrai MacDonald's, la Stada Nova était presque impraticable. Une manifestation était en cours. Une quarantaine de protestataires avait déployé des banderoles et le passage était obstrué par des centaines de touristes affairés à photographier cette authentique comédie à l'italiene. Il s'agissait apparemment de sympathisants de groupuscules d'extrême droite, qui revendiquaient plus d'autonomie pour la Vénétie.

J'ai toujours trouvé étonnant que les gens imaginent pouvoir  résoudre automatiquement tous les problèmes existants en ayant davantage voix au chapitre. Ils recherchent la réponse dans la procédure de prise de décision, alors que la vraie question, selon moi, serait d'identifier les décisions souhaitables. Cela étant, la tendance qu'ont les gens à reporter leurs problèmes sur d'autres est psychologiquement compréhensible. La solution semble à moitié trouvée lorsqu'on peut blâmer un tiers pour les désagréments que l'on vit.

Les banderolles et le tract distribué épinglaient les boucs émissaires habituels : le gouvernement de Rome, les technocrates européens de Bruxelles et le tsunami d'étrangers dont les politciens accusés de s 'en mettre plein les poches étaient tenus personnellement responsables. Par étrangers, ils ne visaient pas les touristes qui photographiaient la manifestation et constituaient, en tant que représentants d'une invasion croissante et incontrôlable, le véritable tsunami qui engloutissait la ville et la faisait sombrer dans la lagune.  Eux étaient des nantis, ils ne pouvaient donc en aucun cas être mauvais. Celui qui pense être dans la misère en attribue généralement la faute à celui qui l'est encore plus.  Les faibles en veulent généralement aux plus faibles encore.  Et le fait qu'il n'y ait pratiquement pas de réfugiés arrivés par bateau ni autres migrants africains à Venise ne devait pas empêcher de les identifier comme la source de tous les maux. Chacun saît qu'ils envahissent le Vieux Continent avec leur religion effrayante qui engendre le terrorisme, leur paresse qui siphonne les aides sociales et leurs énormes organes génitaux qui, sans aucun respect pour nos normes et nos valeurs, vous éclaboussent de leur testostérone. Les gens ne sont pas dupes. Et le fait que ces Noirs soient presque invisibles en ville était encore un de ces complots montés par les médias de gauche, qui refusent de mettre un nom sur les problèmes. Il ne fallait pas leur en conter.

(...)

Le séparatisme naît de la nostalgie de temps meilleurs, réels ou fantasmés. Il est tentant de penser que la solution aux problèmes d'aujourd'hui consiste à reculer les horloges jusqu'à un jour où ces problèmes n'existaient pas encore. On crée, on attise et on amplifie le malaise et les peurs, pour ensuite présenter en  solution un passé idyllique et idéalisé. Nous devrions refermer nos frontières, réintroduire notre chère vieille monnaie, faire sonner les cloches de nos églises et abolir les mosquées, rétablir le service militaire, chanter l'hymne national et ressortir notre vieille morale du grenier, l'astiquer et la brandir tel un phare brillant dans les ténèbres.

Il est de mauvais augure que ce message nostalgique trouve un tel écho dans l'Europe entière. Si une part significative et grandissante de la population est prête à croire que tout était mieux avant, nous sommes en droit de parler d'un continent usé et fatigué qui, comme un vieillard, regarde fixement le vide sans plus rien attendre de l'avenir et songe au bon vieux temps, quand les hivers étaient encore de vrais hivers, et les étés interminables. Il n'existe pas de meilleur preuve que l'Europe est devenue prisonnière de son propre passé. Mais quand l'Occident sombre dans la mélancolie en pensant au soleil qui l'éclairait à son zénith, la nostalgie ne peut en aucun cas être le remède."

(Pages 96/97/98)

Il restera de toi ce que tu as donné

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Il restera de toi ce que tu as donné

Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.

Il restera de toi de ton jardin secret

Une fleur oubliée qui ne s'est pas fanée.

Ce que tu as donné

en d'autres fleurira

celui qui perd sa vie

un jour la trouvera.

Il restera de toi ce que tu as offert

Entre tes bras ouverts un matin au soleil.

Il restera de toi ce que tu as perdu

Que tu as attendu plus loin que tes réveils.

Ce que tu as souffert

en d'autres revivra

celui qui perd sa vie

un jour la trouvera.

Il restera de toi une larme tombée

Un sourire germé sur les yeux de ton coeur.

Il restera de toi ce que tu as semé

Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.

Ce que tu as semé

en d'autres germera

celui qui perd sa vie

un jour la trouvera.

Simone Weil est une philosophe humaniste française, née à Paris le  et morte à Ashford (Angleterre) le .

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