L'autoroute du Sud

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Julio Cortázar

Bruxelles 1914 - Paris 1984

Il est né en Belgique, fils de parents argentins. Il fût l'un des auteurs le plus innovant et original de son temps, maître de la nouvelle courte, de la prose poétique et de la narration brève en général, comparable à Jorge Luis Borges, Antón Chéjov ou Edgar Allan Poe. Son écriture a changé la manière de faire de la littérature latino-américaine: ses récits échappent à la linéarité temporelle et les personnages ont acquis une autonomie et une profondeur psychologique peu de fois vues jusqu'à lors. Il a vécu une bonne partie de sa vie à Paris, ville dans laquelle il s''est établi en 1951 et dont l'ambiance se retrouve dans quelques unes de ses oeuvres.

Dans ce récit, écrit en 1964, Julio Cortázar raconte un fabuleux embouteillage sur l'autoroute entre Fontainebleau et Paris un dimanche soir. En réalité il s'agit d'une métaphore de nos propres vies: nous vivons pris au piège d'une routine. 

Chaque personne dans son automobile, identifié par sa marque ou son modèle, a pour objectif d'arriver à Paris pour réaliser une tâche déterminée. Un accident fera qu'ils partageront un même temps et lieu, l'autoroute, durant plusieurs jours. Bien que des groupes se créeront pour pouvoir subsister, chaque protagoniste vit sa propre solitude. Comme le signale Ariel Dorfman, L'autoroute du Sud constitue une mise en garde au sujet du précipice vers lequel nous nous dirigeons et cette critique de la technologie devient aujourd'hui encore plus valable et nécessaire, maintenant que la globalisation  est le dogme indiscutable de notre époque.

Jean Luc Godard s'est inspiré de ce récit fantastique pour réaliser son film Week-end (1967).

"Les contes de Cortazar ont l'étrange manie de s'accomplir dans la réalité". Ariel Dorfman

 

Traduction Jean François Sadys

Correction Marie Christine Queyreur

Les mains de Selim

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"Le chomâge est raciste. Le travail est fraternel."  (Pages 37/38)

" Dans la région d'Annecy, Selim, quinze ans, vient de passer huit mois en établissement fermé, après avoir, une nuit de révolte, incendié une voiture. Monsieur Gabriel lui a redonné une chance en le prenant  dans sa menuiserie dans le cadre de l'association "Le bois doré" consacrée à la réinsertion des jeunes délinqiuants. Grâce aux encouragements de Monsieur Gabriel, profondément athée, Selim découvre la passion du travail et les vertus de la Fraternité."

L'auteur de ce roman, Jean-Marie Gourio, renvoie dos à dos le fanatisme et l'ignorance.

Jean-Marie Gourio est né en 1956 à Nérac d'un père militaire, mort des suites de la guerre d'Indochine et d'une mère , veuve de guerre, concierge rue du Cherche midi à Paris. Il a fait l'Ecole des Beaux arts de Paris et il a obtenu un DEUG d'Arts plastiques à la Sorbonne.

En 1976, Jean-Marie Gourio débute au magazine Hara Kiri (devenu par la suite Charlie Hebdo), dont il devient rédacteur en chef adjoint en 1978, puis dans plusieurs autres publications des éditions du Square. Il devient rédacteur en chef du magazine Zéro et « fils spirituel » du professeur Choron qui l'a pris sous son aile, du fait que Choron a combattu en Indochine (sergent parachutiste), comme le père de Gourio.(Source wikipédia)

Premières pages du roman: 

" Je suis heureux, je veux que ça soit écrit. Je l'ai écrit en gros dans les chiottes du square. "Je suis heureux!". Tous les matins, je me poste à l'arrêt de l'autocar avant la sortie du bled, mais c'est pas le car que j'attends, c'est le camion du patron. Une fois que le car est passé, je reste seul dans le froid. Je devine au loin la forme des montagnes sur le ciel de la nuit. Il y a des petits groupes de lumières qui tremblent sur les masses sombres, presque jusqu'aux sommets. C'est étonnant de voir comment les gens ont fait construire même dans les coins les plus difficiles d'accès. Il a bien fallu leur aménager des routes. Il est six heures, beaucoup de camions roulent à toute vitesse dans la ligne droite verglacée et lèvent un vent qui me mord le nez et les joues. Ce sont eux qui construisent les maisons, les écoles, les hôpitaux et les routes! Je les regarde passer comme un convoi militaire. Enfin, je reconnais au loin les gros phares jaunes du camion de l'atelier. Chaque fois, je rigole des les voir apparaître, je chante de joie dans mon écharpe, tous les matins, et pas qu'un matin seulement, c'est ça qui me rend si heureux! C'est la preuve que le patron m'aime bien et qu'il a besoin de moi. Il ne m'oublie pas."

Pourquoi écrire?

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 « Il y a quelques années, une revue avait posé cette question aux gens de lettres: "Pourquoi écrivez-vous?" La plupart répondirent par des boutades, comme celle de Morand: "J'écris pour être riche et honoré." C'était s'amuser à confondre les motifs immédiats avec les plus profondes raisons. 

 

Cette raison profonde m'apparaît être dans l'instinct qui nous pousse à ne pas demeurer seuls. Un écrivain est essentiellement un homme qui ne se résigne pas à la solitude. Chacun de nous est un désert: une œuvre est toujours un cri dans le désert, un pigeon lâché avec un message à la patte, une bouteille jetée à la mer. Il s'agit d'être entendu, fût-ce par une seule âme. Il s'agit que notre pensée, et, si nous sommes romancier, que nos créatures, qui sont la part la plus vivante de nous-mêmes, soient accueillies par d'autres intelligences, par d'autres cœurs, soient comprises, soient aimées. 

 

Un auteur qui vous dit: "J'écris pour moi seul, il m'est indifférent d'être ou non entendu..." c'est un orgueilleux qui nous trompe ou qui se trompe lui-même. 

Tout homme souffre d'être seul. L'artiste est celui pour qui et en qui cette souffrance prend corps. 

 

Baudelaire a raison d'appeler le artistes des phares : ils allument un grand feu dans les ténèbres; ils brûlent eux-mêmes pour que le plus possible de leurs frères soient attirés. "

 

François Mauriac, Essais, Dieu et Mammon, 1927.

 

Pourquoi j’écris au Journal Paroissial? 

 

Parce que des bénévoles du journal m’ont demandé de le faire il y a de ça 17 ans déjà. Parce qu’ensuite ils m’ont encouragé à continuer d’écrire quand j’avais des doutes, des passages à vide.

 

Qu’est-ce que ça m’a rapporté? 

 

Un peu d’argent que j’ai reversé aux associations qui viennent en aide aux personnes en difficultés en France et ailleurs dans le Monde; une satisfaction personnelle de voir mes écrits publiés dans un journal et de voir combien les personnes qui mettent nos écrits en page s’appliquent à le faire, ils savent techniquement mettre en valeur ce que nous avons écrit. 

 

Qu’est-ce que j’ai appris au Journal Paroissial? 

 

L’humilité. Ecrire ne change pas la face du Monde. L’écriture, les écrivains contemporains n’ont peut être plus autant d’importance que du temps de nos parents et grands-parents. Ce qui ne veut pas dire pour autant que l’écriture n’a plus d’importance du tout. Internet est souvent un téléphone qui écrit. Je ressens un manque de Mauriac, Camus, Zola, Hugo mais cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de nos jours encore de telles plumes. Elles existent probablement mais ont du mal à se faire entendre. 

 

La presse écrite avait bien résisté à la radio, à la télé, à internet. Mais le smartphone et les réseaux sociaux ont détourné beaucoup de personnes de la presse écrite en général. La presse écrite ne se porte pas bien. Elle a de moins en moins de lecteurs abonnés. 

 

Alors pourquoi écrire encore?

 

Pour moi écrire est encore vital. C’est une forme de respiration intérieure. Dans le tumulte des sons, des images, des musiques, des phrases et des bons mots qui tuent, qui envahissent tous nos écrans, polluent notre esprit et notre coeur, écrire m’apaise, m’aide à faire le tri dans ce que je vois, j’entends. Nous sommes bombardés d’infos, d’infox, d’infaux. Ecrire m’encourage à lire plus que jamais les autres pour essayer de démêler le vrai du faux.  Enfin dernier point et non le moindre, je trouve dans les journaux paroissiaux un supplément d’âme que je ne trouve pas ailleurs. Je me sens moins seul en les lisant.

 

Et puis surtout « Ecrire c’est encore le meilleur moyen de parler sans être interrompu ».  (Jules Renard)

 

Mais qu’en pensez-vous? 

 

Felix et la source invisible

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« Félix et la source invisible » est un livre d’Eric-Emmanuel Schmitt publié par Albin Michel dans la collection  « Le livre de poche ». Référence ISBN: 978-2-253-07768-8. (7€20)

 

Bref rappel de qui est Eric-Emmanuel Schmitt? 

 

Il est né en 1960. Il est normalien (1). Il est agrégé de philosophie. Il est un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dans le monde. Ses livres sont traduits en 48 langues et plus de 50 pays jouent régulièrement ses pièces de théâtre. Il est aujourd’hui l’auteur le plus étudié en collèges et en lycées. Ses pièces, constamment créées et reprises dans les théâtres nationaux ou privés du monde entier, appartiennent désormais au répertoire contemporain. 

 

(Lire sa biographie plus complète sur le lien suivant: https://www.eric-emmanuel-schmitt.com/Portrait-biographie-resume.html)

 

Que nous raconte-t-il dans son livre « Félix et la source invisible »?  

 

Eric-Emmanuel Schmitt nous raconte la vie d’un enfant de douze ans, Félix,  dans un bistrot de la région parisienne de nos jours. Sa mère est la patronne du bistrot qui s’appelle « Le Bureau ». Elle est originaire du Sénégal. Son père est absent physiquement depuis sa naissance mais présent à sa manière car son père c’est le Saint Esprit. Et c’est un fait, une réalité qui se découvre et s’explique au fil de la lecture du roman. Félix vit seul avec sa mère. Sa famille ce sont les habitués du bistrot. L’occasion pour l’auteur de nous faire des portraits savoureux de personnages de notre époque. Le livre commence par « une panne de vie » de la mère de Félix. Alors que tout allait bien pour tous les deux voici soudain que sa maman tombe malade. Il est désespéré. Il ne sait que faire. Il appelle à son secours un oncle qu’il croit grand marabout dans son pays. Mais il en est des marabouts comme des docteurs de chez nous: le meilleur côtoie le pire. L’arrivée de celui-ci dans leur vie ne sauvera pas sa maman mais l’enfant entendra le diagnostic posé par son oncle pittoresque. La maman de Félix est une « une morte vivante ». Elle ne fait pas un « nervous breakdown », elle ne fait pas une dépression nerveuse réactionnelle, non, elle est juste devenue « une morte vivante ». Pour la guérir, Eric-Emmanuel Schimtt va lui faire faire un voyage dans son pays natal qui sera une quête de ses racines et l’occasion de se guérir enfin des ses blessures d’enfance au fur et à mesure qu’elle va découvrir qui elle est réellement, d’où elle vient vraiment. 

 

A quoi bon lire ce livre? 

 

Tout simplement parce que ce livre est bon à lire.  Il fait du bien à nos coeurs, à nos âmes. Le lire c’est comme boire un grand verre d’eau fraîche quand il fait très soif dans nos vies où le matériel l’emporte trop souvent sur le spirituel. « Félix et la source invisible » nous emmène au fil des pages à la découverte de l’animisme (2), une spiritualité poétique. Ce livre est aussi l’expression de l’amour « pour de vrai » d’un fils pour sa mère. 

 

En voici un bref extrait

 

« - Tu ne remarques pas que ta mère est morte? Morte mon garçon, morte. Ta mère ne réagit à rien.

- Elle bouge!

- Tu te laisses abuser par un détail. Je m’y connais en macchabées , j’en ai observé des dizaines chez nous.

- Chez nous? 

- Au village.

- Chez toi tu veux dire! Pour maman et moi, chez nous c’est ici!

- A Mocheville?

- Belleville! Nous habitons Belleville!

 

J’avais crié. Je ne supportais pas que mon oncle dédaignât ce qui me gonflait d’orgueil, Paris, la pieuvre dont j’étais tentacule. Paris, la capitale de la France, Paris avec ses avenues, son périphérique, son dioxyde de carbone, ses embouteillages, ses manifestations, ses policiers, ses grèves, son palais de l’Elysée, ses écoles, ses lycées, ses automobilistes qui aboient, ses chiens qui n’aboient plus, ses vélos sournois, ses rues hautes, ses toits cendrés où se dissimulent les pigeons gris, ses pavés luisants, son goudron las, ses magasins cliquetants, ses épiceries nocturnes, ses bouches de métro, ses furieuses odeurs d’égouts, son atmosphère mercure après la pluie, ses crépuscules roses de pollution, ses réverbères mandarine, ses fêtards, ses gloutons, ses clodos, ses ivrognes.  (…) L’oncle haussa les épaules et poursuivit:

- Ta mère n’est pas née ici, elle a vu le jour dans la brousse. Oh, je chéris cette expression, « voir le jour » , tellement juste pour Fatou qui a glissé du ventre de sa mère un dimanche de canicule. Je m’en souviens. (…)  Et toi à quelle heure es-tu né? 

- A minuit et demi.

- Bien ce que je pensais: tu n’as pas vu le jour, tu as vu la nuit. (…)

- Où ça? 

- A l’hôpital.

- A l’hôpital! A l’hôpital, comme si ta mère agonisait… A l’hôpital, comme si une grossesse relevait de la maladie… Des infirmières et des toubibs, voilà ce que tu as aperçu en premier, quelle pitié. Mon pauvre Félix, je me demande ce que tu peux comprendre à ta mère.»

 

Le point de vue des critiques professionnels

 

« Un roman enlevé, féerique », Frantz -Oilivier Giesbert, Le Point.

« Formidablement réconfortant », Yves Viollier, La Vie.

« Une grande fable animiste », Mohammed Aïssaoui, Le Figaro littéraire.

 

(1) Normalien: Depuis la fin des écoles normales d’institutrices et d’instituteurs, le mot normalien fait référence aux élèves des Ecoles Normales Supérieures destinées à former des professeurs agrégés. Elles sont implantées à Lyon, Paris, Fontenay-Saint-Cloud, Rennes, Pise (Italie) et une vingtaine en Afrique.

 

(2) L’animisme (du latin animus, originairement « esprit », puis « âme ») est la croyance en un esprit, une force vitale, qui anime les êtres vivants, les objets mais aussi les éléments naturels, comme les pierres ou le vent, ainsi qu'en des génies protecteurs.

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