Mamie, que faire avec la souffrance ?

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- Utilise tes mains mon enfant ! Si tu utilises ton mental, la souffrance s’accentue.

- Mes mains ?

- Oui, oui ! Nos mains sont les antennes de notre âme.

Quand tu les utilises en cousant, en cuisinant, en peignant, en touchant le sol ou en les plongeant dans la terre, tes mains envoient des signaux d’amour au plus profond de toi et ton âme se calme. Et elle n’a plus besoin de la souffrance pour que tu prennes soin d’elle.

- Les mains sont-elles vraiment si importantes ?

- Oui, pense aux bébés, ils découvrent le monde en le touchant. Quand tu regardes les mains des personnes âgées, elles t’en racontent davantage sur leurs vies que n’importe quelle autre partie de leur corps.

Il est dit que tout ce qui est "fait main" est fait par le cœur, parce que c’est vrai, les mains et le cœur sont connectés. Les masseuses le savent. Quand elles touchent le corps de quelqu’un avec leurs mains, elles créent avec cette personne une connexion profonde. Pense aux amoureux, quand ils se prennent la main, ils subliment leur amour.

- Mamie, depuis combien de temps n’ai-je pas utilisé mes mains de cette façon ?

- Utilise-les, mon enfant ! Crée de tes mains ! Et tout à l’intérieur de toi se transformera ! La douleur ne disparaîtra pas, mais elle se métamorphosera en la plus merveilleuse des œuvres d’art. Elle ne te fera plus souffrir. Parce que tu auras réussi à embellir ton essence.

Elena Barnabé

Des diables et des saints

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"Ma grand-mère, l''Anglaise, disait de son vivant: vous, les Français, je ne vous comprends pas avec vos histoires de genre. Vous inversezl e mssculin et le féminin. Vous êtes aveugles à la beauté, vous célébrez l'ennui. Tenez, vous dites une voiture. On devrait dire "un"  pour truc si cubique, si ennuyeux. Alors que vous dite un  baiser, pour un miracle qui peut durer toute une vie. Il faudrait dire une baiser. "Il m'a donné une baiser dans le voiture", ce serait tellement plus beau, non? Ma grand-mère disait aussi: il y a deux choses que j'aime dans la vie. Mentir et jardiner. J'aime tellement mentir que je viens de le faire: je déteste jardiner. Mentir, c'est beaucoup plus utilse. Je connus à peine ma grand-mère. Elle mentit au médecin qui lui demandait si ça faisait mal, quand il lui palpa les seins lors d'un contrôle annuel. Elle répondit que non, parce que  se faire palper les seins ce n'est pas "proper" pour une Anglaise, on savait où ça pouvait mener. Et même si c'était pour raison médicale, ça ne changeait rien à l'affaire. Non, donc , avait-elle répondu, ravalant la douleur dans son sein droit avec ce flegme qui cimentait un empire, elle n'avait mal nulle part. Quelques mois plus tard, elle était morte. J'avais six ans, Maman m'avait expliqué la maladie de grand-mère. J'avais eu peur, pendant des années, que ses seins ne la tuent elle aussi."

Source: "Des diables et des saints" de Jean Baptiste Andréa.

 

 

Assez mentir

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https://www.lantieditorial.fr/episode/avec-la-chine-la-guerre-grise-a-commence/

" En l'an 740 avant notre ère, l'armée de Sparte envahit la petite Messénie. Ce fut une guerre acharnée, sans pitié, où les deux petites nations perdirent dans les massacres le tiers de leur population, le reste étant décimé par les famines et les épidémies. Après vingt ans de guérilla dans les montagnes, les derniers Messéniens se rendirent, épuisés. Mais Sparte ne valait guère mieux.

Sur leurs terres ravagées, il s'ensuivit un demi-siècle de paix fourbue, pendant laquelle les deux nations lentement relevaient leurs ruines. "Plus jamais ça!", disaient les survivants, qui conservaient de trop d'horreurs un souvenir atterré. La vie dans l'archipel redevenait aimable et douce. La guerre fut oubliée. Les jeunes nés après elle, et qui n'en avait rien connu, refusaient d'y penser: pour eux c'était le Déluge, la préhistoire. Ils plaisantaient ce qui restait des anciens combattants parce que, borgnes, boiteux ou perclus, ils devenaient vieux et radoteurs.

 Il y avait eu, après la saignée, énormément de naissances. La Messénie put se refaire une armée, nombreuse et dynamique. Quand elle fut assez forte, elle trouva l'appui d'Argos et de l'Arcadie et, par surprise, fondit sur Sparte. Ce fut une guerre acharnée, sans pitié, où les deux nations perdirent dans les massacres le tiers de leur population, le reste étant décimé par la famine et les épidémies. Après quelques années de carnages mutuels, les Messéniens, épuisés, durent se rendre. Mais Sparte était ravagée.

Il s'ensuivit un demi-siècle de paix dans l'archipel. "Plus jamais ça!", disaient les survivants qui conservaient de trop d'horreurs un souvenir atterré. La vie redevint aimable et douce. La guerre fut oubliée. Les jeunes, nés après elle et qui n'en avaient rien connu, refusaient d'y penser. Pour eux c'était le Déluge. Ils plaisantaient les radotages des anciens combattants et préféraient commenter, de loin, la révolte des Perses contre les Mèdes, leurs victoires sur l'empire lydien, sur Babylone, sur l'Egypte, sur l'Inde et admiraient ses conquérants farouches. Lesquels fondirent sur eux sans prévenir. Ce fut une belle tuerie. La guerre dura quarante ans, acharnée, sans pitié. Les armées fondaient comme du beurre, ruinant les populations, que décimèrent les famines et les épidémies. A la fin toutefois, les Perses épuisés renoncèrent, vaincus successivement à Marathon, à Salamine et à Platée. Athènes était glorieuse, mais non moins épuisée.

Il s'ensuivit, avec Périclès, vingt ans de paix dans l'archipel. La vie y redevint aimable et douce. On oublia la guerre, ses désastres et ses dévastations. "Plus jamais ça!", disaient encore les vieux, mais les jeunes, qui n'en avait rien connu, refusaient d'y penser et s'en moquaient éperdument. Salamine et Platée, pour eux c'était le Déluge. Ils plaisantaient les anciens combattants - avant de se précipiter, à leur tour, dans une nouvelle tuerie.

 Et caetera. Et caetera et caetera.

Vercors in "Assez mentir" aux Editions Ramsay 

C'est un petit matin

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C'est un petit matin, doux ensoleillé et si simple

odeur de linge frais édredon

rassérénée

tiédeur et cocon

et pourtant

il vient m'enserrer

le monde

m'encercle, me prend dans ses filets,

me malmène

me perce et m'agresse

de ses flèches

me griffe

m'envahit

m'accable et m'assourdit

Ne pas se perdre

écouter, sentir

la brise et le souffle

le vent les nuages

la caresse de ta main

l'azur l'herbe et

le violon

le roulis des vagues

et le rire

Les fruits sont mûrs

Brigit Descot

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