Femme, deviens ce que tu es !

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Mais qu'ont-ils pu se dire l'un de l'autre?

Eve: L'homme ne me protège pas, il n'est pas fiable, on ne peut pas s'appuyer sur lui...

Adam: La femme est celle qui me sépare de la présence de l'Amour, méfions-nous d'elle. La femme est dangereuse, sa voix est dangereuse, n'écoutons plus sa voix, bâillonnons-là.

Eve: Désormais, faisons sans lui, après-tout, nous pouvons nous passer de lui.

Adam: Désormais, tenons-nous à l'écart de la femme, en retrait, on observe mieux le danger de loin. Par notre force, assujettissons-la, écrasons-la! Aimer et désirer la femme est catastrophique, désirons-la sans l'aimer. Séparons nous en deux: les besoins du corps d'un côté et ceux du coeur de l'autre.

Le cercle infernal est en place: divorce du don et de la réciprocité.

Le "tu" tue aussi sûr que l'enfer me ment.

Source: "Femme, deviens ce que tu es!" de Myriam Fourchaud-Aguila aux Editions La Bonne Nouvelle pages 212,213 et 214.

Vamos a la playa

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Photo Marion Sadys

Biscarrosse Plage, vendredi 21 mai 2021, il est 16h30;  il pleut, une pluie fine et froide. Personne dans les rues. Personne sur la plage. Peu de voitures circulent dans la ville fantôme. 

Biscarrosse Plage, samedi 22 mai , 10h30, quelques voitures circulent de-ci, de-là. Il pleut moins mais le vent souffle. Quelques personnes montent en voiture sur la dune de la plage Nord et regardent l'état de la mer. Les vagues sont belles. Il y a un peu de monde dans la rue commerçante. 

Biscarrosse Plage, dimanche 23 mai, 16h, il fait un soleil magifique. Mes enfants et petits enfants veulent aller à la plage avec ma jeune soeur et ses enfants et petits enfants. Ils sont excités comme les puces de mer sur la plage de sable fin. 

Le parking de la plage Sud est rempli de voitures. Il me faut en faire plusieurs fois le tour pour finir par trouver une place. Je monte à pied en haut de la dune. Je m'installe sur mon fauteuil pliant près du poste de secours. Deux personnes âgés y sont déjà installées. Nous respectons la distance recommandée entre nous. Les terrasses du restaurant de bord de mer sont pleines de monde ainsi que les chaises longues face à l'Océan. La plage est noire de monde. Mille ou deux milles personnes  profitent de l'instant présent.

J'aperçois les miens qui ont posé leurs affaires et leur parasol près du véhicule de secours des maîtres nageurs sauveteurs. 

Je laisse mon esprit vagabonder. Je me revois enfant sur cette plage avec ma soeur en 1961. Je mesure combien Biscarrosse Plage a changé depuis. Je laisse remonter en moi les souvenirs de mes parents et grands-parents et de leurs amis tous décédés aujourd'hui. Je les entends en moi, je les sens près de moi dans le souffle vivifiant du vent qui vient de l'Océan. Je les cherche à l'horizon. Je repense à l'adolescent et au jeune homme que j'ai été. Je me souhaite encore quelques printemps, quelques étés, quelques automnes avant que vienne mon tour de rejoindre les absents d'aujourd'hui. 

Et puis soudain à 17h15 des personnes se lèvent de leur serviette et se massent autour du véhicule d'intervention rapide au bord de l'eau. Il se passe quelque chose mais je ne vois rien. La foule qui entoure les maîtres nageurs sauveteurs comme les abeilles autour de la reine mère  me masque tout. J'entends les radios du poste de secours qui s'animent et je comprends qu'un bébé dauphin vient de s'échouer sur la plage. Les secouristes demandent l'aide du jet ski qui tracte la planche de secours. Il est au-delà des vagues. Il flotte comme un gros bouchon au milieu des surfeurs en attente de la bonne vague. Il rejoint rapidement la plage. Plusieurs personnes l'entourent, le remettent en position nez vers le large, le maintiennent en ligne de flottaison. Deux jeunes maîtres nageurs prennent le dauphin dans leur bras et le placent sur la planche de secours. 

Soudain tout s'est arrêté. Nous oublions le conflit israélo-palestinien, la guerre en Syrie, le covid, le confinement, le chomage , le terrorisme, les migrants qui meurent en mer, les incertitudes des lendemains qui déchantent. Nous sommes pris dans une émotion collective. Le dauphin va-t-il se laisser sauver? Vont-ils arriver à le ramener en eau profonde? Le temps semble se ralentir, s'allonger. Puis le jet ski s'éloigne de la plage à vitesse lente. Les deux jeunes maîtres nageurs sont allongés de chaque côté du dauphin prenant soin que ses nageoires ne s'abîment pas. Les vagues sont franchies en douceur. Le dauphin laisse faire. Ils s'éloignent au loin là où ils n'y a plus de vagues  écumeuses. Ils le libèrent. L'opération a réussi. Nous sommes contents. Nous nous parlons entre nous. Pourquoi il est venu s'échouer là? Est-il malade? Peut-il survivre coupé des siens? Ses appels au secours seront-ils entendus par les siens? Nos yeux restent fixés sur le grand large. Le temps passe. Il ne revient pas vers nous. Nous espérons qu'il vivra une longue vie de dauphin. 

Biscarrosse plage, dimanche 23 mai 2021, 18h, la plage commence à se vider. C'est une belle fin de journée. Les personnes qui remontent la dune pour rejoindre leurs voitures semblent heureuses et apaisées. Quelques jeunes enfants pleurent de fatigue. Très peu de personnes portent un masque. 

Biscarrose plage, lundi 24 mai 2021, 14h, il fait froid, il y a du vent, il pluviote un peu. Nous commençons à charger les voitures. Demain nos enfants travaillent, nos petits enfants ont école. Nous nous souhaitons une bonne semaine à venir à tous, nous nous promettons de nous revoir tous ensemble "aux beaux jours " de l'été qui peine à venir.

Aurélien

Rédigé par yalla castel - - 2 commentaires

En 1981, je suis nommé instituteur adjoint dans une école de campagne à deux classes. Je découvre une commune rurale et ses habitants que je ne connaissais pas. Parmi les rencontres que je vais faire, une m’a marqué: celle avec Aurélien M… Il est à l’époque conseiller municipal. Il est paysan. Il travaille avec son jeune frère leur propriété héritée de leurs parents. J’apprendrai par un collègue qu’il a été premier de son canton aux épreuves du Certificat d’études avant la seconde mondiale. Je découvre très vite qu’il sait beaucoup de choses, qu’il connaît beaucoup de monde, qu’il rencontre beaucoup de monde et que beaucoup de monde lui rend visite. Il sait par coeur de très longs morceaux de la littérature française mais aussi des poésies, des chansons. Il est une véritable bibliothèque sonore à lui tout seul. Au fil des rencontres, je m’aperçois qu’il lit beaucoup et « de tout ». Des personnes lui prêtent des livres. Il fait partie de ces personnes qui toute leur vie cherchent à apprendre quelque chose de nouveau chaque fois qu’elles peuvent le faire. Ces sources d’informations ne sont pas la radio et la télé mais tout ce qui est écrit et tout ce qui lui est dit. J’ai assisté plusieurs fois à des rencontres où il était présent. Il posait beaucoup de questions aux autres pour apprendre d’eux ce qu’il ne savait pas. Ils étaient pour lui une forme de bibliothèque humaine.

 

Le 2 août 1991 les USA, à la tête d’une coalition de 35 pays, déclarent la guerre à Saddam Hussein soupçonné d’avoir des armes de dissuasion massive pour l'obliger à quitter le Koweit qu’il avait fait envahir par son armée. 

 

S’il y a eu, pendant la guerre du Viet-Nam, beaucoup de photos, de films, de reportages sur le terrain diffusés par les chaînes de télé du monde entier, cette fois-ci très peu d’images filtrent des combats humains. Les images sur les chaînes de télés ressemblent à celles des jeux vidéos de guerre. A en croire les médias, cette guerre n’est faite que de « frappes chirurgicales ». Une guerre à distance sans victimes humaines faite par missiles sol-sol et sol-air. La maîtrise de l’air semble être nettement du côté des USA et de leurs alliés. Rapidement le pays devient un champ de ruines. Rapidement une vérité s’impose: ce n’est pas l’Irak qui possède les armes de destruction massive. Cette guerre aurait-elle eu lieu si l’Irak avait eu la bombe atomique? Aurait-elle eu lieu si au lieu de champs pétrolifères il n’y avait eu que des champs de lentilles en Irak? Si Saddam Hussein n’avait pas envahi le Koweit? 

 

C’est alors qu’un soir, après la classe, je suis allé rendre visite à Aurélien M… chez lui. Il m’a fait entrer. Nous nous sommes assis près de la cheminée où une petite flambée était là pour nous tenir compagnie. Je lui ai fait par de mes états d’âme. Et voici ce qu’il m’a dit alors:

 

« Petit, notre père est mort quand nous étions gosses mon frère et moi. Nous avons aidé notre mère sur la propriété. En 1940 je suis mobilisé. Crois-moi, c’était dur pour moi de partir et de les laisser se débrouiller seuls. D’autant plus dur que nos chevaux ont été réquisitionnés. Cet été là et cet automne là, ma mère et mon jeune frère ont récolté ce qu’ils ont pu récolter à quatre mains. Le reste a pourri sur place. Alors tu vois si demain nous n’avons plus de pétrole et bien ça va être terrible pour tout le monde. Plus de tracteur pour faire les labours, plus de moissonneuses batteuses, plus de camions pour nourrir les villes. Il reste quelques chevaux de traits mais pas assez pour faire le travail des engins agricoles d’aujourd’hui. Travailler avec des boeufs? Il y en a presque plus et surtout il y a plus personne qui sait travailler avec. Alors, oui, s’il n’y a plus de pétrole, je ne peux pas imaginer que ça soit possible de faire sans. »

 

La guerre s’est poursuivie sur un rythme accéléré. Il y avait bien des manifs contre mais avec de moins en moins de monde à chaque fois. Les opérations militaires se sont poursuivies et l’Irak a été rapidement vaincu.

 

Une de ces opérations s’est appelée « Tempête du désert ». Je me souviens d’avoir pensé à l’époque: « Qui sème le vent récolte la tempête. Qui sème la tempête du désert récolte quoi? » A l’époque je ne savais pas quoi répondre. Aujourd’hui, nous le savons: « Qui sème la tempête du désert récolte Daesh. »

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